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Tribune de Siham Lachgar #FreeBetty

Dernière mise à jour : 3 oct.


Le procès en appel d'Ibtissame “Betty” Lachgar, militante féministe marocaine condamnée le 03 septembre dernier à 30 mois de prison suite à un post sur les réseaux sociaux qui la montre vêtue d'un tee-shirt portant l'inscription "Allah is Lesbian", doit avoir lieu le 06 octobre prochain à Rabat.


Les enjeux sont considérables pour toutes celles et ceux qui ont à cœur la défense des droits des femmes et de la liberté d'expression.


Sa sœur Siham LACHGAR publie à cette occasion une poignante tribune qui résonne au creux de chacune d'entre nous.


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« Cela fait maintenant 46 jours que ma sœur Ibtissame Betty Lachgar est détenue au Maroc dans des conditions cruelles, dégradantes et assimilables à de la torture psychologique, et portant atteinte à son intégrité.


Son crime ? Avoir porté un tee-shirt – hors du Maroc – détournant le slogan bien connu des féministes progressistes du monde entier : « J’ai rencontré Dieu, elle est noire, communiste et lesbienne ».

Pour avoir porté ce tee-shirt, Ibtissame Betty Lachgar est aujourd’hui incarcérée et placée à l’isolement.


Aucun être humain ne devrait être traité de cette manière.


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Ma sœur Ibtissame Betty Lachgar est une survivante d’un sarcome d’Ewing, un cancer des os diagnostiqué quand elle avait 20 ans.


Elle vit depuis avec un handicap et porte une prothèse au bras gauche. Elle bénéficie en France du statut de l’ALD (« affection de longue durée »).


Les derniers rapports médicaux sont alarmants et pointent une ostéolyse majeure de l’humérus distal sans possibilité raisonnable de préservation. Tout cela entraîne notamment des douleurs nocturnes prédominantes, et elle est dépendante pour de nombreux gestes de la vie courante. Ma sœur a besoin d’une opération pour le changement de sa prothèse au plus vite. En l’absence de cette chirurgie, les conséquences seront la poursuite de l’ostéolyse, la mobilisation de la tige en dehors de l’humérus et des infections.


Qu’est-ce que cela signifie ? Sans intervention appropriée, Ibtissame Betty Lachgar risque de perdre son bras. Ses conditions de détention rendent cette situation encore plus inquiétante.

En effet, elle subit un régime d’incarcération particulièrement éprouvant qui fragilise davantage son état : elle n’a toujours pas de matelas pour dormir, elle doit faire ses promenades seule et n’a droit qu’à deux appels téléphoniques par semaine, d’une durée maximale de dix minutes chacun, et uniquement vers un seul numéro.


Il s’agit là d’un isolement délibéré qui la coupe de nous, sa famille, et de ses soutiens.

En revanche, les autres détenues ont visiblement accès au téléphone tous les jours, peuvent appeler jusqu’à cinq numéros. Une telle privation de contacts et de stimulation sociale entraîne inévitablement des conséquences psychologiques lourdes. Au-delà de l’opération et du suivi médical spécialisé indispensables à sa pathologie, elle a besoin d’un accompagnement psychologique adapté, comme recommandé pour les personnes atteintes de maladies chroniques et invalidantes.


Lui refuser ces soins met en péril non seulement sa santé physique, mais aussi mentale.

Pourquoi ma sœur Ibtissame Betty Lachgar est-elle soumise à un traitement plus sévère que les autres ?


La seule explication est qu’il s’agit d’une punition, non pas pour ce qu’elle a fait, mais pour ce qu’elle est et ce qu’elle représente.


Ces restrictions ne sont pas motivées par des raisons de sécurité.


Il s’agit d’une tentative délibérée de briser son moral, de réduire au silence une militante féministe engagée qui a passé sa vie à défendre les droits humains et les libertés individuelles.

Elle n’a jamais incité à la haine, et son combat a toujours été pacifique !


Pourtant, ils recourent à la pression psychologique pour la faire taire, elle, ainsi que ses proches : isolement, privation de sommeil, coupure de contact régulier avec sa famille…


En faisant cela, on punit ma sœur deux fois : la première, à travers une condamnation injuste et arbitraire, et la seconde, par des conditions de détention abusives et inhumaines.


Je suis très inquiète et très en colère. La santé et la dignité de ma sœur sont mises à mal chaque jour.


J’exige que les autorités mettent fin à son isolement, lui fournissent un matelas et un traitement humain, et lui rendent son droit de commu­niquer librement avec sa famille ainsi qu’avec ses amies.

J’appelle les organisations de défense des droits humains, les mouvements féministes et toutes les personnes sensibles aux libertés individuelles et à la liberté d’expression à se mobiliser pour soutenir ma sœur Ibtissame Betty Lachgar et condamner la décision arbitraire de l’emprisonner, autant que ses conditions de détention inhumaines.


Son ­combat n’est pas seulement le sien, il est celui de toutes les femmes réduites au silence, punies ou criminalisées pour avoir revendiqué leur liberté et leurs opinions.

Nous ne resterons pas silencieuses pendant qu’elle est torturée en prison et nous continuerons à nous battre pour elle jusqu’à ce qu’elle soit libre !


Sa place n’est pas en prison, et vous le savez ! »


Sa sœur de sang et de luttes, Siham Lachgar



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